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Journée Mondiale de la Méditation : 21 décembre – Un Appel à l’Unité

De Maria Teresa Gonzalez Esquivel

Le 29 novembre, la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 21 décembre Journée mondiale de la méditation. La résolution A/79.137, initialement parrainée par 18 pays1, expose les différents points qui justifient la proclamation de la Journée mondiale de la méditation, notamment :

  • Rappelant le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible,
  • Réaffirmant l’article 62 de son règlement intérieur concernant l’invitation à la prière silencieuse ou à la méditation,
  • Affirmant l’importance, en tant que lieu de prière et de méditation, de la salle de méditation du siège des Nations Unies à New York,
  • Reconnaissant l’universalité de la méditation, pratiquée dans toutes les régions du monde,
  • Reconnaissant que la méditation peut contribuer à la santé et au bien-être

La proclamation de la Journée mondiale de la méditation par les Nations Unies a des implications profondes tant en termes de promotion du bien-être mondial que de réalisation des objectifs plus larges de l’ONU en matière de paix, d’unité et de développement durable. Elle a le potentiel de faire progresser la médiation en tant que service mondial et d’invoquer la lumière, l’amour et le pouvoir spirituel dans la conscience humaine2.

Pourquoi une journée mondiale de la médiation ?

Les Nations Unies reconnaissent l’universalité de la méditation et soulignent ses multiples bienfaits tant pour l’individu que pour la collectivité. En particulier, l’ONU insiste sur le fait que la méditation sert à cultiver la paix, l’unité et la compassion, ainsi que sur sa contribution à la santé et au bien-être. Comme l’a souligné Jon Kabat-Zinn dans une interview avec le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Turk, « [les gens à] l’ONU sont fondamentalement des guérisseurs… qui essaient d’apporter la guérison dans des situations où ils n’ont pas un contrôle total… Ils tentent d’unir tous les pays du monde autour d’un objectif commun… et [la méditation] … est quelque chose qui repose sur des milliers d’années de pratiques évolutives qui peuvent réellement nous aider à nous connecter aux dimensions cachées de notre propre humanité, puis à nous connecter aux autres de manière apaisante. »

Certains pourraient se demander pourquoi il est pertinent que l’ONU ait désigné une journée pour célébrer la méditation. Les journées internationales sont l’occasion d’éduquer le grand public sur des questions préoccupantes, de mobiliser la volonté politique et les ressources nécessaires pour traiter les problèmes mondiaux, et de célébrer et renforcer les réalisations de l’humanité. A la suite de propositions des États membres, l’Assemblée générale des Nations unies a étudié l’idée de cette journée internationale. L’Assemblée générale décide ensuite par consensus d’adopter ou non la résolution établissant cette journée particulière3. [3] Pour en savoir plus sur ce processus, vous pouvez consulter ce lien.

Santé et bien-être

Au cours des dernières décennies, la communauté internationale a pris conscience du fait qu’« il n’y a pas de santé sans santé mentale »4. Le droit de chacun à jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible est un aspect fondamental des droits de l’homme5, inscrit dans des cadres internationaux tels que la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC). Il souligne que les individus doivent avoir accès aux conditions, aux soins et aux services nécessaires pour maintenir leur bien-être physique et mental. Aujourd’hui, ce droit est souvent interprété comme un concept holistique, englobant non seulement la santé physique, mais aussi le bien-être émotionnel, psychologique et social.

Bien-être intérieur

Considéré de manière holistique, le droit à la santé inclut une dimension spirituelle comme élément fondamental du bien-être général. Dans de nombreuses cultures et systèmes de croyances, la santé ne concerne pas uniquement le corps physique ou mental, mais est également liée à l’âme ou au « psychique intérieur ». Le sentiment de connexion spirituelle d’une personne, qu’il soit lié à la religion, à la nature, aux relations ou à un sentiment de paix intérieure, peut avoir un impact significatif sur son bien-être général.

À cet égard, la spiritualité, bien que distincte de la santé au sens conventionnel du terme, est de plus en plus reconnue comme un facteur influent sur la santé physique et mentale. La spiritualité est souvent liée à la manière dont les individus trouvent un sens, un but et une orientation morale juste dans leur vie. Ces éléments sont essentiels à la santé mentale/psychologique, mais vont même au-delà, en donnant un but et une direction à la vie, en touchant au cœur même de ce que signifie être humain pour l’individu et à une culture de l’épanouissement humain dans son ensemble.

Des bienfaits reconnus

Pour beaucoup, les pratiques, croyances ou expériences spirituelles favorisent la résilience émotionnelle, les stratégies d’adaptation et le sentiment d’appartenance. Des recherches montrent que des pratiques telles que la méditation, la prière ou la pleine conscience, courantes dans de nombreuses traditions spirituelles, réduisent le stress, l’anxiété et la dépression, favorisant ainsi un état mental plus sain6. Ainsi, la méditation peut fournir un cadre pour gérer les défis liés à la santé mentale, en offrant espoir et sens pendant les périodes difficiles.

En outre, des pratiques telles que le yoga, qui comprennent des éléments méditatifs, sont largement pratiquées dans le monde entier et favorisent l’équilibre physique, mental et spirituel7. De même, la pratique de la méditation a été intégrée dans les mouvements occidentaux de bien-être, notamment la réduction du stress basée sur la pleine conscience (MBSR), qui a gagné en popularité pour ses bienfaits sur la santé mentale8.[8]

La méditation a des bienfaits considérables sur la santé et le bien-être, qu’il s’agisse de la santé mentale (en réduisant le stress et en améliorant la régulation émotionnelle) ou de la santé physique (en abaissant la tension artérielle et en renforçant le système immunitaire)9. La méditation favorise également la croissance spirituelle, la compassion et l’empathie, ce qui améliore les relations et contribue à une plus grande harmonie sociale10. Grâce à sa capacité à améliorer la santé émotionnelle et physique globale, la méditation est un outil puissant pour le bien-être personnel et collectif. Intégrer la méditation dans la vie quotidienne peut conduire à des améliorations profondes dans la façon dont les individus vivent et interagissent avec le monde, favorisant un état d’équilibre, de paix et de résilience qui profite à la fois à l’individu et à la société dans son ensemble.

Réaffirmant la règle 62, l’invitation à la prière silencieuse ou à la méditation

La pratique consistant à inviter les représentants à observer une minute de silence consacrée à la prière ou à la méditation à l’ouverture de la première séance plénière et immédiatement avant la clôture de la dernière séance plénière de chaque session de l’Assemblée générale11 est un rituel destiné à promouvoir la réflexion, l’unité et la compréhension entre les délégués, indépendamment de leurs origines religieuses ou spirituelles. Ce rituel peut être compris comme un moyen d’instaurer un climat de solennité, de respect et de dignité humaine partagée au cours des travaux de l’Assemblée.

En outre, cette pratique renforce les valeurs communes telles que le respect de la diversité, l’objectif collectif et l’unité en offrant aux délégués un espace de réflexion personnelle pour méditer sur leurs responsabilités, le travail accompli pendant la session et les défis à venir, favorisant ainsi une prise de conscience de leur rôle dans l’élaboration de la politique internationale.

Par exemple, pendant les moments de silence, les délégués de différentes origines religieuses, culturelles ou laïques peuvent se livrer à leurs pratiques de prière ou de méditation, ce qui leur permet de s’adonner à l’introspection tout en favorisant le respect des croyances de chacun.

De plus, le fait de partager un moment de silence peut créer un sentiment d’objectif commun et de solidarité, même si les délégués ont des opinions divergentes. Sa valeur en tant que rituel réside dans le fait qu’il crée un moment où les délégués se réunissent en tant que représentants de la communauté mondiale. Cette pratique peut encourager les délégués à réfléchir à leur objectif commun incarné dans les objectifs plus larges de l’Assemblée générale, tels que la paix mondiale, les droits de l’homme, le développement durable et la coopération internationale.

La salle de méditation au siège de l’ONU à New York

La salle de méditation du siège des Nations Unies à New York est un espace symbolique et fonctionnel dédié à la prière, à la méditation et à la réflexion silencieuse. Ouverte en 1952 sur les conseils du secrétaire général Dag Hammarskjöld. Cette salle n’est pas seulement un lieu physique au sein de l’ONU, mais aussi le symbole de l’engagement de l’organisation en faveur de la paix, du respect de la dignité humaine et de la reconnaissance de la diversité des traditions spirituelles et philosophiques12. En outre, la salle de méditation est également un symbole d’inclusivité et de respect de la diversité spirituelle. C’est une reconnaissance de l’esprit œcuménique de l’humanité, un rappel des valeurs universelles et une affirmation de l’importance de la spiritualité dans la diplomatie.

Les Nations Unies accueillent des représentants de 193 États membres, chacun ayant ses propres traditions culturelles et religieuses. La salle incarne le respect de l’organisation pour cette diversité. Elle est non confessionnelle. Elle permet aux personnes de toutes confessions – et à celles qui n’ont pas de confession – de se sentir les bienvenues. La salle encourage les gens à réfléchir à des valeurs universelles telles que la paix, la coopération, la compassion et la compréhension.

Cet espace rappelle également aux diplomates et au personnel de l’ONU que la diplomatie ne se résume pas à des négociations politiques et à des rapports de force. Elle concerne également les relations humaines, la compréhension et le développement d’un profond sentiment de responsabilité partagée pour le monde. La salle de méditation est un lieu de retraite paisible. Chacun peut y réfléchir à son rôle dans cette mission plus large qu’est la paix.

Reconnaître l’universalité de la méditation

La salle de méditation souligne l’importance de l’esprit humain dans le travail des Nations Unies. En désignant un lieu dédié à la prière et à la méditation, l’ONU souligne que la paix et la dignité humaine vont au-delà des agendas politiques ou économiques. La salle est une manifestation physique de l’engagement de l’ONU envers les valeurs universelles. Cela favorise une paix qui touche à la fois le corps et l’esprit. Ainsi, cela témoigne du respect de diverses pratiques spirituelles de la communauté mondiale.

Toutes les régions du monde pratiquent la méditation. Reconnaître l’universalité de la méditation est une reconnaissance importante de l’expérience humaine commune à toutes les cultures et traditions. La méditation, sous ses nombreuses formes, transcende les frontières, les religions et les contextes historiques. Elle offre aux individus un outil pour atteindre la paix intérieure, la pleine conscience et la croissance spirituelle. Cette universalité est importante dans le contexte des Nations Unies et à l’échelle mondiale. Elle reflète un fil conducteur commun dans l’aspiration humaine au bien-être, à l’équilibre et à l’harmonie.

La méditation est profondément enracinée dans diverses traditions religieuses et philosophiques orientales. Dans le bouddhisme, par exemple, la méditation est au cœur du chemin vers l’illumination. Elle aide les individus à cultiver la pleine conscience, la compassion et la sagesse13. De même, l’hindouisme met l’accent sur la méditation comme moyen d’atteindre la libération spirituelle (moksha) et la connexion avec le divin14.

Une pratique venue de l’orient

Si la méditation est souvent associée aux traditions et religions orientales. Elle a également sa place dans les traditions spirituelles et philosophiques occidentales. Dans le christianisme, les pratiques de prière contemplative et de réflexion silencieuse font depuis longtemps partie des traditions monastiques15. Ces pratiques encouragent les individus à se concentrer sur les vérités spirituelles et la présence de Dieu.

L’universalité de la méditation met en évidence une aspiration humaine commune au bien-être, à la paix et à la croissance spirituelle. Cette aspiration transcende les frontières géographiques, culturelles et religieuses. Que ce soit par la prière, la pleine conscience, la contemplation ou la méditation, les personnes de toutes les régions du monde s’adonnent à des pratiques qui favorisent la paix intérieure, la clarté et la connexion à l’expérience humaine au sens large. Reconnaître cette universalité enrichit notre compréhension de la diversité humaine. De plus, cela renforce l’idée que, malgré nos différences, nous partageons tous un désir commun d’harmonie, de paix et de compréhension. En adoptant la méditation comme une pratique mondiale, nous contribuons à un monde plus pacifique, plus compatissant et plus conscient.


  1. Andorra, Bangladesh, Bulgaria, Burundi, Dominican Republic, Iceland, India, Liechtenstein, Luxembourg, Mauritius, Mexico, Monaco, Mongolia, Morocco, Nepal, Portugal, Slovenia and Sri Lanka ↩︎
  2. Lucis Trust. La médiation, un service mondial. Disponible ici https://www.lucistrust.org/fr/resources/meditation ↩︎
  3. Nations Unies. Paix, dignité et égalité sur une planète saine : Observances des Nations unies. Disponible à l’adresse suivante : https://www.un.org/fr/observances ↩︎
  4. A/HRC/44/48 : Droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible – Rapport du rapporteur spécial sur le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible. Publié le 15 avril 2020. ↩︎
  5. Article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Déclaration universelle des droits de l’homme, Nations unies. Disponible à l’adresse suivante https://www.un.org/fr/about-us/universal-declaration-of-human-rights ↩︎
  6. Burke, A., Lam, C.N., Stussman, B. et al. Prévalence et schémas d’utilisation des mantras, de la pleine conscience et de la méditation spirituelle chez les adultes aux États-Unis. BMC Complement Altern Med 17, 316 (2017) ; Boynton, H. M. (2014). Le groupe sain : une approche corps-esprit-âme pour traiter l’anxiété et la dépression chez les jeunes. Journal of Religion & Spirituality in Social Work : Social Thought, 33(3–4), 236–253 ; Larrivee, D., Echarte, L. Méditation contemplative et neurosciences : perspectives pour la santé mentale. J Relig Health 57, 960–978 (2018) ; Bell, Taunjah P. La pratique méditative cultive la pleine conscience et réduit l’anxiété, la dépression, la pression artérielle et la fréquence cardiaque dans un échantillon diversifié. Journal of Cognitive Psychotherapy, 29(4), 2015. ↩︎
  7. Yatham P, Chintamaneni S, Stumbar S. Leçons de l’Inde : une revue narrative de l’intégration du yoga au sein du système de santé américain. Cureus. 14 août 2023;15(8):e43466. Disponible sur https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10498999/ ↩︎
  8. Niazi AK, Niazi SK. Réduction du stress basée sur la pleine conscience : une approche non pharmacologique pour les maladies chroniques. N Am J Med Sci. 2011 Jan;3(1):20-3. Disponible sur https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC3336928/ ↩︎
  9. Mayo Clinic. Médiation : Un moyen simple et rapide pour réduire le stress. Disponible ici : https://www.mayoclinic.org/tests-procedures/meditation/in-depth/meditation/art-20045858#:~:text=Meditation%20can%20help%20you%20relax,physical%20and%20emotional%20well%2Dbeing. ↩︎
  10. Hofmann SG, Grossman P, Hinton DE. Méditation de la bienveillance et de la compassion : potentiel pour les interventions psychologiques. Clin Psychol Rev. 2011 Nov;31(7):1126-32. Disponible sur https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC3176989/ ↩︎
  11. Assemblée générale des Nations unies. Règlement intérieur. XI. Minute de prière silencieuse ou de méditation. Disponible à l’adresse suivante https://www.un.org/fr/ga/about/ropga/ropga_invte.shtml ↩︎
  12. Nations Unies. Salle de méditation. https://www.un.org/ungifts/fr/salle-de-méditation ↩︎
  13. Britannica. Méditation bouddhiste. https://www.britannica.com/topic/Buddhist-meditation ↩︎
  14. Flood, Gavin, ‘Hindouisme et méditation : Tantra’, dans Miguel Farias, David Brazier et Mansur Lalljee (éds), The Oxford Handbook of Meditation, Oxford Library of Psychology (2021 ; édition en ligne, Oxford Academic, 14 mars 2019). https://academic.oup.com/edited-volume/40700/chapter-abstract/348428022?redirectedFrom=fulltext ↩︎
  15. Saint-Siège. Catéchisme Quatrième Partie : Section Une La prière dans la vie chrétienne. Chapitre Trois La vie de prière – Article 1 Expressions de la prière : III. La prière contemplative. Qu’est-ce que la prière contemplative ? https://www.vatican.va/archive/compendium_ccc/documents/archive_2005_compendium-ccc_fr.html#LA%20VIE%20DE%20PRIÈRE ↩︎

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